L’analyse de risques pour mieux vivre le Monde d’Après

Issu du monde de l’assurance, je suis spécialiste de l’analyse de risque depuis plus de 20 ans. Le contexte sanitaire que nous connaissons aujourd’hui m’a permis, comme à beaucoup d’entre vous également, de prendre du recul sur le fonctionnement de notre économie et du monde en général. Sensible aux enjeux du développement durable, je ne peux me résoudre à l’idée que nous ne prenions pas la mesure de cette sonnette d’alarme.

Je vous livre ici les prémisses d’une réflexion et d’un projet qui devrait voir le jour prochainement.

Que représente la notion de « risque » pour nous aujourd’hui ?

Le risque, c’est l’impact négatif de l’inconnu sur nos activités et nos objectifs de tous les jours, privés et professionnels ! (Nous analyserons plus loin son aspect positif).

Le risque, c’est ce qu’on ne peut pas prévoir et dont on cherche à se prémunir.

L’homme a, de tous temps, cherché à se prémunir des risques mortels grâce à l’amélioration de ses conditions de vie (progrès de la médecine et hygiène), au développement économique (se nourrir, se loger) et à la diplomatie (éviter les guerres). Mais nous ne sommes pas à l’abri de l’imprévisible, d’un grain de sable dans le mécanisme, qui bouleverse ce que nous tentons de maîtriser. Ce fût le cas de ce premier semestre 2020.

Le monde est en train traverser une crise dont on espère avoir dépassé le pic mais dont on ne mesure pas encore toutes les répercussions. La gestion de cette crise a différé d’un pays à un autre en fonction de l’analyse des risques qu’il encourait, ceux dont il devait absolument se prémunir (risque de mortalité de sa population) et ceux qu’il était prêt à prendre (pour son économie notamment) le tout en fonction de l’information dont il disposait.

Les gouvernements ont ainsi mis en place des mesures plus ou moins coercitives à l’égard des populations, comme jugées dans l’incapacité de mesurer elles-mêmes les risques encourus. Cette privation de liberté est peu à peu levée au vu de l’amélioration graduelle de la situation sanitaire. Charge à nous aujourd’hui de prendre la mesure des risques auxquels nous nous exposons en reprenant notre vie « normale » ou en choisissant de remettre ou non nos enfants à l’école par exemple. C’est le sens de la responsabilité individuelle, notre analyse de risque individuelle.

Le confinement a été une réponse temporaire à une situation sanitaire critique. Toutefois, cette solution n’est pas durable économiquement parlant. Nous ne pouvons pas vivre en nous coupant totalement du monde, du risque.

La vie elle-même ne vaut pas la peine d’être vécue si on ne laisse pas de place à l’imprévu, qui n’est d’ailleurs pas toujours un risque mais peut également être une opportunité.

Quelle est l’opportunité offerte par la crise de la COVID 19 ?

Cette période étrange que nous venons de vivre a fait changer temporairement nos comportements routiniers. Elle a été l’occasion d’un ralentissement aussi bien économique que dans le rythme de nos vies professionnelles et personnelles, corps médical et activités dites essentielles mis à part. La première des opportunités offerte par la crise est cette prise de recul, comme un signal d’alarme avant de foncer dans le mur.

De cette réflexion, plusieurs points apparaissent :

– Nous ne pouvons plus penser le risque à notre petite échelle. Un pangolin ou une chauve-souris en Chine peut tuer M. Durand à Strasbourg. La pollution ne s’arrête pas aux frontières. La théorie du battement d’aile de papillon reste toujours valable. Mais elle a aussi son pendant positif…

– En effet, un changement de nos comportements quotidiens peut avoir des effets notables sur la préservation de notre environnement à l’échelle planétaire. On a revu les sommets de l’Himalaya, nos émissions de gaz à effet de serre ont drastiquement baissé durant la période. La nature a repris ses droits là où l’Homme n’a plus eu droit de cité. Nous pouvons donc encore éviter de transmettre une planète à l’agonie aux générations futures.

– L’économie d’un pays en période de crise est fortement fragilisée s’il n’est pas en mesure de répondre lui-même à ses besoins de première nécessité. La mondialisation n’est pas une hérésie mais elle doit toutefois être construite au regard des populations et de ses besoins essentiels et non de la finance. [Pourquoi acheter des masques en Chine, alors que l’on peut soutenir la reprise d’entreprises nationales qui fabriquent des masques en tissu ? Pourquoi acheter sur Amazon ce qu’un producteur local peut vous livrer en 24h ?]

– Face à une situation exceptionnelle, nous avons vu émerger un vaste réseau d’entraide ainsi que des innovations venant aussi bien d’individus créatifs que d’entreprises prouvant leur agilité. Nous avons donc la possibilité de faire évoluer nos vieux modes de pensée et de fonctionnement. Le fatalisme n’est pas de mise et nous pouvons encore croire à des changements pour demain.

Tirons donc les leçons de la crise, apprenons de nos erreurs.

Et Après ? Le MONDE 2 : Appliquer l’analyse de risques au monde de l’entreprise en y intégrant les principes du développement durable

Le développement durable et la gestion des risques sont le fruit d’un équilibre subtil entre une efficacité économique, une éthique sociale et une responsabilité face à notre environnement. Si ces mots peuvent sembler banals ou sonner creux à cause d’une utilisation rhétorique excessive, leur mise en application concrète dans les accords commerciaux et dans le changement de fonctionnement des entreprises est loin d’être acquise.

Bien que l’expression « développement durable » ait bientôt 40 ans, la mise en application d’actions tangibles tarde à venir, le changement de mentalité avance moins vite que les dégâts que notre société cause chaque jour à la planète. Pour prendre de l’ampleur, il faut que nos dirigeants d’entreprises prennent conscience que le développement durable n’est pas un obstacle mais un autre mode de fonctionnement qui peut prouver son efficacité. Pour cela, il faut du respect, de la curiosité, de la solidarité dans les entreprises. Des petites initiatives peuvent avoir de grandes retombées. À chacune et chacun de fixer ses priorités en fonction de son type d’activité et de son impact.

Il y a en effet des similitudes entre une bonne gestion des risques et un monde de développement durable.

La gestion des risques proposera :

  • De clarifier des objectifs
  • De reconnaître les dangers
  • D’évaluer ces dangers
  • De décider des mesures de protection à prendre
  • Enfin, de surveiller !

Il en découlera donc des décisions et des actions allant dans le sens de ce que nous souhaitons comme objectif à atteindre.

Le monde du développement durable, tel que défini par l’agenda 2030 de la Confédération suisse https://www.eda.admin.ch/agenda2030/fr/home/agenda-2030/die-17-ziele-fuer-eine-nachhaltige-entwicklung.html propose 17 objectifs mesurables avec des indicateurs précis, parmi lesquels :

  • Aller vers une absence de pauvreté
  • Une bonne santé et un bien-être
  • Un travail décent et une croissance économique
  • Une industrie qui innove
  • Réduction des inégalités
  • Création de villes et de communautés durables
  • Consommation et production responsables
  • Lutte contre le changement climatique
  • Respect de la vie terrestre
  • Paix, justice et institutions durables
  • Partenariats durables pour la réalisation des objectifs !

L’entreprise, à travers sa gestion des risques peut donc tout à fait concilier performance économique et développement durable. Le rôle de la finance sera important, d’autant plus si l’industrie financière favorise l’accès au capital à ceux qui adoptent un comportement durable et solidaire.

La performance économique est incluse depuis toujours dans le développement durable. Malheureusement, l’Homme avide de bénéfices financiers n’a pas su préserver l’équilibre entre son monde environnant et son monde intérieur assoiffé de confort et de consommation.

Comme le dit dans son livre Michel Soriano : «La planète va bien, c’est nous qui allons mal. »

P2a labe