Le 4 décembre 2020, j’assistait, à la journée de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance dont le thème était « sommeil et télétravail ».

Suite à cette journée, j’avais relevé les points essentiels (article disponible également sur le blog du site corinne-guizelin.com) concernant le sommeil et le télétravail vis-à-vis de l’organisation du télétravail, de l’incidence sur la vie privée et professionnelle, du cadre juridique, ainsi que les répercussions sur le vécu des salariés.

Depuis j’ai affiné mes observations pour en arriver à la conclusion que le télétravail ne s’improvise pas, que comme tout mode d’organisation professionnel il représente un investissement de la part de l’entreprise, quelle que soit sa taille, et du salarié pour être réussi.

En matière de sommeil, il a besoin d’un ingrédient majeur : la sécurité.
Il s’agit ici d’une sécurité définie au sens large : vais-je avoir les conditions nécessaires à mon domicile pour travailler dans les bonnes conditions, vais-je savoir travailler de manière autonome, vais-je savoir m’organiser dans mes horaires, vais je pouvoir m’organiser pour les réunions d’équipe,  etc … Une réponse à toutes ces questions permettant de ne pas créer de l’anxiété une fois couché(e).

Voici ce que j’avais retenu de cette journée.

Qu’est-ce que le télétravail ?

Le télétravail est un mode d’organisation du travail et non pas un changement de poste ni de son contenu. C’est donc bien en termes d’organisation qu’il s’agit de l’aborder.

Il peut être choisi ou subi. Les impacts sont très différents suivant ce critère.

Lorsqu’il est choisi, il est alors anticipé, accompagné, la plupart du temps à temps partiel, il peut se pratiquer dans un espace de coworking et dans un contexte serein.

Lorsqu’il est subi comme il a pu l’être lors des derniers mois durant la crise sanitaire, il est fait dans l’urgence, majoritairement à 100 %, au domicile de la personne, dans un contexte anxiogène et se voit entravé par des contraintes domestiques, scolaires, familiales.

Le contexte et l’environnement sont des éléments clés pour bien vivre le télétravail.

Les bénéfices

La liste n’est pas exhaustive. Le télétravail présente des bénéfices comme la réduction des temps de transport, la diminution des risques routiers, plus de temps pour sa famille ou ses activités, plus de souplesse dans l’organisation de sa journée et globalement une meilleure qualité de sommeil mais il demande de savoir concilier vie professionnelle avec vie privée, d’être autonome sur son poste, d’avoir une bonne installation ergonomique, des outils et un espace adaptés au travail.

Les risques

  1. En l’absence d’espace adaptéLes conditions de travail à domicile ont besoin d’être anticipés et accompagnées. Lorsque ce n’est pas le cas, les résultats sont variables selon que la personne bénéficie d’un bon équipement à domicile avant de télétravailler ou pas.

    En l’absence d’aménagement adapté, des postures statiques inconfortables et prolongées peuvent survenir et entrainer des troubles musculo-squelettiques, voire même dans certains cas, l’ordinateur n’est pas suffisamment performant pour répondre aux besoins professionnels.

    Les conséquences en matière de sommeil :
    ·      Un corps sous tension toute la journée a du mal à s’endormir.
    ·      Un corps insuffisamment fatigué physiquement aussi.

    Les recommandations : 
    ·      Mettre en place un espace de travail adapté.
    ·      Varier les postures.
    ·      Faire des pauses.
    ·      Passer ses appels en marchant.
    ·      Alterner les taches pour diminuer le temps passé sur
    l’ordinateur.
    ·      Bouger régulièrement et suffisamment.

    2. Lorsque le télétravail s’effectue à domicile et que les frontières entre vie privée et vie professionnelle sont floues, il y a un risque d’intrusion dans la sphère personnelle. Toute la difficulté consiste à savoir poser les limites.

    Un risque de surconsommation peut se produire au niveau de la  nourriture, du tabac, de l’alcool, des écrans, des jeux car tout est à portée de main.

    Pour ceux qui vivent seuls, il existe même un risque d’isolement plus marqué et de coupure de lien par rapport à une activité en entreprise. Des cas de détresse psychologique dus au manque de communication ont été observés lors du confinement imposé.

    Les conséquences en matière de sommeil : 
    ·      L’anxiété, le stress ou une détresse psychologique peuvent
    provoquer des insomnies.
    ·      Les addictions peuvent nuire à l’endormissement et à la
    qualité du sommeil.

    Les recommandations : 
    ·      Être attentif à maintenir des liens professionnels et sociaux
    même à distance.
    ·      Bien se connaître et repérer ses signes de fatigue et ses
    comportements addictifs.
    ·      Respirer et pratiquer la cohérence cardiaque pour calmer le
    stress
    ·      Sortir pour rompre l’isolement.

    3. Lorsque la charge de travail est trop présente. 

    En l’absence de marqueurs de temps : trajet, heure d’arrivée et de départ, pause café et pause repas, il est plus difficile d’établir des limites, de fermer un écran d’ordinateur, de s’octroyer des pauses, de récupérer. La charge de travail se fait plus présente par manque de limite.

    Les conséquences en matière de sommeil : 
    ·      Une fatigue mentale nuisible à l’endormissement
    ·      Une altération de la qualité de sommeil.
    ·      Un décalage de l’heure du coucher et de l’heure du lever
    avec un retard de phase beaucoup plus fréquent que
    l’avance de phase.
    ·      Des troubles du rythme circadien.
    ·      Un risque de somnolence diurne.
    ·      Un risque de prise de poids qui peut à terme entrainer
    des apnées du sommeil.

    Les recommandations :
    ·      Poser des limites notamment pour le travail le soir et la
    fermeture des écrans.
    ·      Veiller à maintenir des horaires les plus réguliers possibles y
    compris pour les repas.
    ·      S’exposer régulièrement à la lumière du jour,
    ·      Faire des pauses, aller marcher et s’aérer
    ·      Faire des siestes flash qui permettent au corps de récupérer en
    quelques minutes.
    ·      Pratiquer des techniques de relaxation et de méditation au
    moment de l’endormissement.

En conclusion

Nous l’avons vu, le télétravail nécessite de faire appel à des ressources comme l’autonomie, la maitrise des outils informatiques, la capacité à structurer sa journée, à savoir poser des limites, à se mettre à l’écoute de ses besoins physiologiques et communiquer.

Cela demande de bien connaître ses rythmes, son mode de fonctionnement et de ne pas surévaluer ses capacités. Cela implique également de faire appel à l’employeur quand de bonnes conditions de travail ne sont pas réunies.

Les troubles du sommeil qui se déclarent en lien avec le télétravail, surtout pour le télétravail non choisi, proviennent de perte de repères, de désynchronisation de l’horloge biologique, de sédentarité, d’addictions, de TMS, de risques psychosociaux, de stress, conséquence d’une difficulté d’adaptation à cette nouvelle organisation.

Il est donc important pour les entreprises d’être à l’écoute de leurs salariés et pour chaque personne qui déclare un trouble du sommeil suite à un passage en télétravail de repérer, avec l’aide d’un spécialiste du sommeil ou du médecin du travail, quel est le facteur qui en est la cause.