Accompagnement d’un nouveau chef d’entreprise

Une petite exploitation aimerait se développer et devenir pérenne.

Les années se suivent et se ressemblent… L’élevage de bovins viande (plus vente au détail) progresse avec quelques animaux en plus tous les ans et un peu plus de surfaces. Mais le revenu ne rémunère pas vraiment l’agriculteur !

Que faire ?

Je vous propose ce petit audit rapide suivant (qui correspond à l’été 2021) :

Points positifs :

(+) Exploitant minutieux, perfectionniste

(+) Forte motivation pour de nouveaux projets

(+) Volonté de vouloir durabiliser l’exploitation

(+) Fils qui poursuit des études agricoles

Points de vigilance :

(-) Exploitation morcelée (3 sites), d’où équipements matériels importants

(-) Potentiel des terres hétérogène

(-) Endettement long terme chronique

(-) Rapport revenu/temps de travail peu valorisant

L’agriculteur se renseigne et s’intéresse à une nouvelle production d’élevage : il a le choix entre l’élevage de brebis ou de chèvres.

Il me demande : que faut-il choisir ?

L’objectif étant de produire du lait, le rapport est presque de 3… Une chèvre produit 3 fois plus de lait sur une année qu’une brebis. Si la destination était la production de fromages, le raisonnement aurait été différent. La contrainte, dans notre cas, correspond aux bâtiments pour loger les animaux.

Est-ce une bonne stratégie de produire du lait de chèvre ?

– Oui, puisque le projet est même de produire du lait bio…

– Oui, car l’expérience de l’agriculteur et sa volonté de bien faire, font que les résultats techniques seront au rendez-vous (l’agriculteur profitera également des conseils techniques spécifiques à l’atelier).

Il y a pourtant quelques facteurs limitants :

– La chèvre est un animal fragile et il faudra maîtriser le risque sanitaire

– La réussite technique, c’est l’alimentation du troupeau, avec une ration bien maîtrisée

– Il faut investir dans des bâtiments et du matériel d’élevage

– Niveau travail : comment trouvez de nouvelles ressources ?

J’accompagne l’éleveur pour ouvrir son nouvel atelier de caprins bio :

– Préparation du projet d’investissement et propositions de financement

– Montage du business plan

– Définition du modèle économique (avec approche matrice des gains)

– Visite des banques avec l’agriculteur pour présenter le projet et la situation consolidée.

Le projet est calé, l’agriculteur est motivé… Tellement motivé qu’il achète les chevrettes (âgée de quelques jours) qu’il autofinance.

Les banques semblent réticences à financer le projet mais les chiffres sont prometteurs et 2 banques vont se positionner. Finalement, une seule sera au rendez-vous. C’est une banque qui ne finance pas de projets agricoles en général (CQFD).

La première année a été relativement difficile pour plusieurs raisons :

– Le projet a coûté plus cher que prévu (+100 000.- environ sur les bâtiments) avec l’augmentation du coût des matériaux

– La croissance des chevrettes, pendant 12 mois, ne génère aucune recette.

– L’agriculteur a atteint ses limites en termes de temps de travail

– L’agriculteur n’a pas souhaité décapitaliser sur l’activité bovine

– La trésorerie est tendue…

Pourtant, nous sommes confiants malgré le coût de croît des chevrettes. Après une année de recul, les résultats sont très positifs.

J’ai préparé le résultat prévisionnel au 30/06/2023, avec de très bons résultats technico-économiques. Outre le revenu dégagé par la nouvelle activité, l’agriculteur est conscient des coûts :

– Coût de revient des aliments produits (luzerne, foin) et achetés (maïs grain bio)

– Coût de revient d’un litre de lait

– Prix d’équilibre d’un litre de lait

– Coût de la masse salariale

J’accompagne l’agriculteur dans sa stratégie de développement et d’investissement de son entreprise au fil du temps :

– Accroissement progressif du troupeau caprin pour passer de 200 chèvres à 500 chèvres

– Installation d’un jeune agriculteur sur le troupeau des bovins allaitants avec également une nouvelle activité à mettre en place (maraîchage avec vente directe)

– Projet d’investissements matériels pour répondre à l’augmentation de surfaces

– Structuration des entreprises

– Embauche de salariés

A la présentation des résultats prévisionnels aux organismes financiers, ces derniers n’opposent pas de difficulté à financer de nouveaux projets (4 nouveaux investissements validés dont un projet immobilier).

L’agriculteur exploitant est devenu est un chef d’entreprise, très dynamique :

– 4 structures actuellement et 5 d’ici la fin d’année

– 2 salariés ont été embauchés

– Aide à l’installation d’un jeune agriculteur

En conclusion,

Ma mission est d’assister régulièrement le dirigeant dans ses projets surtout sur la partie investissement. Je propose une analyse rapide avec les avantages et les facteurs limitants afin d’échanger et que la meilleure stratégie soit retenue.

… Un petit mot de l’agriculteur :

« Chaque décision a été discutée, parfois à la semaine, avec une grande disponibilité et une réactivité ce qui permet de prendre des décisions et d’avancer rapidement.

Il s’agit d’une vraie relation de confiance, humaine et professionnelle ».

3 septembre 2022 (bâtiment température ambiante)

 

22 avril 2023 (Période des mises bas)